Passée dans le quotidien pour certains, innovation totalement méconnue pour d’autres, l’e-santé s’invite de plus en plus dans les foyers. Pour répondre au vieillissement de la population, ou encore à l’accroissement des dépenses de santé, l’e-santé se développe à vitesse grand V. Aussi bien utilisée par les patients que par les professionnels de santé, les applications e-santé entrent de plus en plus dans notre quotidien. Mais de quoi s’agit-il exactement ? Réassurez-moi vous éclaire sur ce sujet.
E-santé, de quoi s'agit-il ?
On parle de e-santé, santé numérique, santé connectée, santé 3.0, m-santé (pour mobilité santé)… Autant de termes qui définissent la santé de demain. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la e-santé est définie comme « les services du numérique au service du bien-être de la personne ». La commission européenne quant à elle, parle de « l'application des technologies de l'information et de la communication à l'ensemble des activités en rapport avec la santé ».
En d’autres termes, la e-santé regroupe les domaines suivants :
- système d’informations partagées de santé (comme le dossier médical par exemple) ;
- la télémédecine : services liés à la médecine à distance : la téléconsultation médicale, la télé-assistance, dématérialisation des ordonnances, partage d’informations entre pros de santé ;
- les Technologies de l’Information et de la Communication dans la santé (ou TIC Santé) ;
- la télésanté : qui regroupe les applications numériques au service des professionnels de santé ;
- la chirurgie à réalité augmentée ;
- les objets connectés pour la santé (applications et services numériques pour les patients).
Il s’agit d’un ensemble de services numériques ayant pour vocation principale d’améliorer la gestion de la santé tant du côté du patient que du professionnel de santé. Elle met à disposition des patients des outils facilitant la prise de rendez-vous par exemple, ou offre la possibilité de consulter un médecin à distance. Du côté du professionnel de santé, elle facilité le traitement du dossier du patient (avec le dossier médical numérique par exemple) ou des logiciels de gestion plus performant.
Les avantages de l’e-santé
La majorité des français (63 %) se dit favorable au développement de l'e-santé. Les jeunes de 18 à 24 ans, nés avec le numérique, se disent évidemment très favorable (pour 72 % des personnes interrogées), avec les catégories socio-professionnelles supérieures (pour 70 % des personnes interrogées). Ces applications qui nous facilitent la vie aujourd’hui n’ont pas toujours été bien attendues.
Une réponse à des problématiques de santé publique
Il y a quelques années, la e-santé était présentée comme une réponse à plusieurs problématiques du système de santé français :
- répondre aux problématiques liées au vieillissement de la population ;
- à la nécessité pour le système français de faire des économies ;
- apporter une réponse à la désertification médicale ;
- enrayer les difficultés d’accès aux soins ;
- proposer des démarches de prévention ;
- améliorer le suivi des pathologies chronique ;
- optimiser les coûts.
L'e-santé, un service en plein essor
Aujourd’hui, les français ont des attentes bien spécifiques en matière d’usage de l'e-santé. On utilise fréquemment internet pour rechercher des informations sur un médicament dont on a perdu la notice, on recherche des informations sur des maladies, on navigue sur des forums dédiés à la santé, on peut échanger sur les réseaux sociaux et, on utilise des applications mobiles de santé. Tout cela est passé dans notre quotidien et représente une partie de la e-santé.
Un des services les plus utilisé par les français est la prise de rendez-vous en ligne :
- 54 % des français disent connaître ce service ;
- 31 % l’ont déjà utilisé.
Le bénéfice principal étant la rapidité de la prise de rendez-vous.
E-santé et les remboursements de Sécurité Sociale
La question se pose, comment les téléconsultations vont être remboursées par la Sécurité Sociale ? Combien seront-elles facturées ? L’Assurance Maladie va-t-elle déterminer une base de remboursement différente pour les téléconsultations par rapport aux consultations traditionnelles ? Quand le remboursement de la Sécurité Sociale sur les objets connectés sera t'il mis en place ?
Pour qu’un appareil connecté soit pris en charge par l’Assurance Maladie, il faut qu’il soit prescrit par un médecin et qu’il soit inscrit sur la liste des produits et prestations remboursables (LPPR). Certains objets connectés et conforme à la réglementation européenne sont aujourd’hui remboursés par la Sécurité Sociale : lecteurs de glycémie, électrodes, bandelettes et capteurs, stylos injecteurs, appareils de mesure de la coagulation, appareillages de ventilation à pression positive continue (PPC) et débitmètres de pointe.
Le conseil national de l'ordre des médecins (CNOM), préconise un remboursement de l'e-santé par la Sécurité Sociale : « dès lors que l’évaluation des applications et objets connectés aurait effectivement reconnu les bénéfices sur la santé individuelle et collective, il serait cohérent d’envisager qu’ils soient pris en charge par la collectivité ».
Aujourd’hui, le gouvernement, l’Assurance Maladie et les médecins se posent ces questions et sont en négociation. La Sécurité Sociale va devoir elle aussi s’adapter à ce nouveau mode de fonctionnement et à tout ce que va impliquer ces nouveaux dispositifs.
E-santé et les mutuelles santé
Les mutuelles santé ont pris très au sérieux le virage numérique annoncé par le gouvernement et ont depuis plusieurs années déjà mis en place des services e-santé au sein de leurs contrats. L’objectif étant pour eux d’apporter de nouveaux services, toujours plus innovants, à leurs assurés et ainsi se distinguer des concurrents.
Pour le moment, et en l’attente des réponses des négociations entre l’Assurance Maladie et les professionnels de santé, le remboursement des mutuelles est déjà actif : elles prévoient dans leurs offres des forfaits alloués à des services numériques (coaching bien être sur internet, téléconsultation par exemple).
Les inquiétudes des Français face à l’e-santé
Quand on parle d’internet, de services connectés, d’applications mobiles, on pense tout de suite à la protection des données. Faciliter le transfert de donnés entre professionnels de santé, pourquoi pas, tant que les données personnelles et la vie privée sont bien protégées. 70 % des établissements français partagent déjà les informations des patients en interne. Pourtant 78 % des Français sont d’accord pour partager leurs données avec l’ensemble des professionnels de santé qui les suivent. Ils sont également 44 % à accepter de rendre accessibles leurs données collectées sur des objets connectés.
Avec l’inquiétude que représente le partage des données, seulement 17 % des Français utilisent des applications e-santé aujourd’hui et 59 % des français jugent le coût des objets connectés de santé trop cher.
Autre frein des français face à l’e-santé, la qualité des informations d’ordre médicale trouvé sur les forums et les applications mobiles. Comment être sûr de la qualité de ces informations ? On constate aussi que 4 personnes sur 10 qui utilisent l'e-santé admettent que les informations trouvées dans ces domaines sont de qualité moyenne, voire mauvaise sur internet.
L’e-santé est au programme du gouvernement depuis quelques années seulement, et les réponses à nos questions viendront petit à petit. L'e-santé pour les particuliers a donc des progrès à faire, notamment les nombreuses entreprises qui se développent pour apporter des solutions aux internautes. Les patients comme les professionnels de santé doivent s’adapter à ce nouveau mode de fonctionnement en matière de santé, en restant vigilant sur la qualité des informations transmises à chacun.
E-santé en Europe
Si la France réalise son « virage numérique », les pays européens ont quant à eux pris le parti de la e-santé il y a déjà de nombreuses années. La France est donc bien en retard sur les autres pays européens et souhaite bien proposer de nouveaux services numériques de santé très rapidement.
E-santé en Allemagne
Un programme de suivi personnalisé pour les patients insuffisants cardiaques a été initié en 2006 à la demande de deux caisses régionales d’assurances maladies allemandes, l’AOK Bayern et l’AOK Berlin, dans le but de réduire les coûts liés à la ré-hospitalisation des patients insuffisants cardiaques. En 2015, 16 000 patients étaient suivis par ce programme. Ce programme est financé par la caisse d’assurance maladie.
E-santé en Angleterre
La prévention a été confiée à un assureur privé. L’entreprise Roadtohealth a développé un logiciel permettant de mesurer l’état de santé d’une personne à partir d’une série de données (pression sanguine, indice de masse corporelle, taux de glycémie, taux de cholestérol et concentration de cotinine dans le sang).
À partir de ce logiciel, Roadtohealth a développé une offre de santé complète : mise en place de partenariats avec des réseaux de pharmacies, mise à disposition du logiciel dans les pharmacies partenaires, plateforme de prise de rendez-vous et de suivi des résultats.
oadtohealth vend cette offre en marque blanche à l’assureur VitalityHealth qui la distribue auprès de ses assurés. L’assureur a mis en place un système d’incitation, si l’assuré utilise le logiciel, il obtient des points transformables en bons d’achats. C’est donc ici l’assuré qui cotise directement dans le paiement de sa mutuelle.
E-santé en Italie
Le patient finance son service d’accompagnement. Amicomed est un service numérique personnalisé d’autogestion de la tension artérielle par les patients. Le logiciel est gratuit mais si le patient souhaite bénéficier d’un coaching personnalisé, celui-ci est facturé environ 50€ pour 3 mois (modèle fremium).