Après deux années de tensions extrêmes sur le crédit et une paralysie partielle des transactions, l’année 2025 marque une sortie progressive de crise pour le marché immobilier français. La baisse des taux engagée fin 2023 et prolongée en 2024 a permis une réouverture du crédit, relançant l’activité sans toutefois provoquer de rebond généralisé.
Dans un marché encore fragile, Réassurez-moi dresse le bilan complet de l’année 2025 et décrypte les perspectives pour 2026, en analysant les facteurs macroéconomiques, l’évolution des taux, la reprise du crédit, et les fortes disparités régionales et sociales qui structurent désormais l’immobilier français.
Une normalisation monétaire qui atteint ses limites
Une baisse concentrée du taux de dépôt de la BCE, suivie d’un gel monétaire
Après quatre baisses successives intervenues entre juin et décembre 2024 (-0,75 point), la Banque centrale européenne a poursuivi son assouplissement monétaire uniquement sur le premier semestre 2025, avant de marquer une pause nette.
En 2025, le taux de dépôt de la BCE1 a été abaissé de 0,75 point entre février et juin, puis stabilisé depuis :
| Taux de dépôt | |
|---|---|
| Février 2025 | 2,75 % |
| Mars 2025 | 2,5 % |
| Avril 2025 | 2,25 % |
| Juin 2025 | 2 % |
Juin 2025 : le point de synchronisation avec le marché du crédit immobilier
Cette pause monétaire constitue un tournant majeur pour le marché immobilier. Dans les faits, la baisse des taux immobiliers s’est arrêtée au même moment.
Il y a eu un recul des taux de janvier à avril 2025, puis une stabilisation entre mai et juillet, suivie d’une reprise de la hausse, malgré l’absence de relèvement des taux directeurs.
Pourquoi les taux immobiliers remontent malgré une BCE stable ?
En 2025, la politique monétaire n’est plus le seul déterminant des taux immobiliers. Plusieurs facteurs structurels expliquent ce retournement :
- La reconstitution des marges bancaires après deux années de compression ;
- Une forte reprise de la demande de crédit au printemps ;
- Les contraintes internes des banques (quotas de production, gestion du risque) ;
- Le contexte budgétaire français et une prime de risque persistante.
La fin des baisses de la BCE agit comme un signal de plancher, déclenchant une normalisation des taux immobiliers.
La fin de la baisse, l’entrée dans une phase de stabilisation active
Une légère hausse des taux immobiliers sur l’année
Chez Réassurez-moi, nos data analysts suivent chaque mois l’évolution des taux grâce à un algorithme agrégeant les barèmes bancaires afin d’identifier les meilleurs taux du marché.
De janvier à mai 2025, le meilleur taux immobilier sur 20 ans a baissé de 0,15 point de pourcentage. Puis, de mai à décembre 2025, ce même taux a augmenté de 0,17 point de pourcentage2.
Graphique 1 : Évolution du meilleur taux d'intérêt immobilier sur l'année 2025
Une reprise franche du crédit immobilier : +26,9 % sur un an
Si les taux cessent de baisser, la production de crédits immobiliers a fortement rebondi. En glissement annuel, le montant des nouveaux crédits à l’habitat progresse de 26,9 % en 2025, contre 9,7 % en 20243.
Graphique 2 : Évolution annuelle du montant des nouveaux crédits à l’habitat (milliard d'€)
Cette dynamique repose sur un effet de rattrapage après deux années de blocage, le retour des primo-accédants solvables, et une stratégie bancaire plus offensive sur le premier semestre.
La reprise est réelle, mais sélective, concentrée sur les profils les plus solides.
Des écarts de taux toujours marqués selon les territoires
Des disparités persistantes sur les taux immobiliers moyens
Réassurez-moi a relevé chaque début de mois les taux immobiliers moyens sur 20 ans dans chaque région, afin de calculer une moyenne annuelle régionale4.
Graphique 3 : Cartographie régionale des taux de prêt immobilier moyens sur 20 ans en % (moyenne régionale annuelle)
Ces écarts reflètent la concurrence bancaire locale, la structure de la demande et les dynamiques économiques régionales.
Un marché immobilier en reprise, mais profondément segmenté
Le marché immobilier est aujourd’hui marqué par un fort déséquilibre. L’offre est abondante, mais la demande reste limitée. Ce rapport de force est clairement favorable aux acheteurs et exerce une pression baissière sur les prix.
Tous les emprunteurs ne profitent pas de la même manière de la reprise
La baisse des taux engagée en 2024 puis stabilisée en 2025 n’a pas bénéficié à tous de façon équivalente. Seuls les meilleurs profils accèdent aux taux proches de 3 %, les exigences d’apport restent élevées, les durées d’emprunt s’allongent et les profils modestes restent en marge du redémarrage.
La reprise profite d’abord aux ménages les plus solvables, accentuant la segmentation du marché.
Perspectives 2026 : continuité plutôt que rebond
Nos experts anticipent pour 2026 :
- Des taux immobiliers évoluant entre 3 % et 3,5 %, hors choc exogène ;
- Un marché transactionnel plus fluide mais sans euphorie ;
- Des prix globalement stables, avec des hausses localisées dans les zones tendues ;
- Un risque persistant sur l’offre neuve, pénalisée par la faiblesse des permis ;
- Un impact croissant des critères énergétiques sur la valeur des biens.
2026 s’inscrit dans la continuité de 2025 : un marché actif mais contraint, en recomposition permanente.
Notre méthodologie
- 1 - Données Banque de France.
- 2 - Notre algorithme calcule quotidiennement les taux d'intérêt les plus bas proposés par les banques du marché. Afin de calculer l'évolution sur l'année 2025, nos experts ont relevé ces meilleurs taux chaque début de mois.
- 3 - Nos data analysts ont calculé le taux d'évolution annuel du montant des crédits nouveaux à l'habitat, à partir des données de la Banque de France. Les statistiques ne sont disponibles que jusqu'à octobre 2025. Les données des mois de novembre et décembre 2025 ne seront consultables qu'en février 2026, c'est pourquoi nous avons pris le parti de calculer l'évolution d'octobre 2024 à octobre 2025, ce qui reste tout de même révélateur.
- 4 - Les données proviennent de la base de données Réassurez-moi. Nos data analysts calculent chaque mois les taux d'intérêt moyens dans chaque région de France métropolitaine, grâce à un algorithme.
