Inondations, incendies, sécheresse... L’actualité de cette année 2021 ne représente que les prémices de ce qui nous attend, d’après le 1er volet du dernier rapport d'évaluation du GIEC (Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'évolution du Climat) paru en Août 2021.
Le réchauffement climatique, principale cause de ces dérèglements, va prendre de plus en plus d’ampleur au risque de déséquilibrer certains de nos modèles économiques. Le secteur de l’assurance est en première ligne de ces impacts. En effet, les charges des sinistres liées aux catastrophes naturelles pourraient atteindre 50 milliards d’euros sur la période 2020 - 2030, uniquement pour les acteurs français.
Un tel niveau de dépenses interpelle et incite à la réflexion. Les assureurs pourront-ils assumer ces nouveaux risques ? Comment ce phénomène impactera-t-il les particuliers?
Les analystes et experts de Réassurez-Moi se sont questionnés.
- Pour analyser les différentes évolutions possibles, nous nous sommes appuyés sur 3 scénarios proposés par le GIEC :
Scénario 1 | Scénario 2 | Scénario 3 | |
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Nom du scénario | SSP1 - 1.9 | SSP2 - 4.5 | SSP5 - 8.5 |
Actions | Réduction drastique des émissions de CO2 | Réduction sévère des émissions de CO2 | Aucun effort consenti pour réduire les émissions de CO2 |
Source | Virage politique et social radical | Prise de conscience sérieuse | Nous continuons sur la tendance actuelle |
Probabilité | Faible | Difficile mais pas impossible | Niveau actuel |
Evolution Température (°C) | + 1,5 | + 2 | + 4 |
Le réchauffement climatique pourrait doubler les coûts des assurances d’ici 2030
Si nous continuons à fonder notre économie sur les énergies fossiles sans mesures drastiques, la moyenne des indemnisations versées par les assurances pour les périls risque de doubler sur la prochaine décennie, pour atteindre un niveau supérieur à 4,7 milliards d’euros par an, soit quasiment le double observé sur les dernières années (2,4 milliards d’euros par an en moyenne).
Cette augmentation est inhérente au réchauffement climatique, qui serait à l’origine de 40 % de cette augmentation.
Alors que les indemnisations moyennes versées par les assureurs s'établissaient à 2,4 milliards d'euros en moyenne par an sur la période 2010 - 2020, elles augmenteraient à 4,7 milliards d'euros par an d'ici 2030 en raison :
- De la croissance du PIB pour 1,4 milliards d'euros : développement, industrialisation de nouvelles zones, augmentation de la concentration d'entreprises et d'habitations ;
- Du réchauffement climatique pour 0,9 milliards d'euros.
Des primes d'assurance habitation pouvant aller jusqu'à 732 euros par an et par ménage
Les assureurs vont-ils assumer seuls la charge d’un tel phénomène et accepter de réduire leur marge ? Difficile à croire.
En faisant l’hypothèse d’un ratio "Sinistres/Primes" équivalent au niveau actuel, les ménages français verront leur budget assurance augmenter indéniablement. Mais à quoi doit-on s’attendre ?
Selon les 3 scénarios du GIEC sélectionnés ci-dessus, les équipes d’analystes de Réassurez-Moi ont réalisé des simulations de l’augmentation potentielle de la facture d’ici 2030, en distinguant les habitats en maison ou en appartement.
En moyenne, les français pourraient payer jusqu’à 732 euros par an de prime habitation d’ici 2030 pour une maison, et 370 euros pour un appartement, soit près du double de la facture actuelle (estimations basées sur la moyenne française, toutes régions confondues).
Augmentation des cotisations pour une maison :
Augmentation des cotisations pour un appartement :
Des disparités régionales sont attendues, pénalisant les régions les plus sinistrées
Au-delà de l’augmentation globale des primes attendues, les risques liés au changement climatique créeront des disparités inter-régionales. En effet, certaines zones seront plus exposées que d’autres à l’aggravation des intempéries, comme le montre la cartographie ci-dessous (focus sur un habitat en maison).
Ainsi les régions Centre-Val de Loire, Ile-de-France (notamment en raison des Yvelines, Seine et Marne ou encore Essonne), Nouvelle-Aquitaine et Pays de la Loire pourraient voir leurs risques de sinistralité croître de plus de 100 %. Le montant des primes en région Ile-de-France pourrait dépasser les 1 000 euros par an contre 544 euros dans la région Grand-Est.
Alors que dans certaines régions, la prime MRH pourrait presque doubler d'ici 2030, il est évident que l’accès à l'assurance deviendra difficile pour beaucoup de foyers.
Les politiques et les compagnies d’assurance devront alors réfléchir à des solutions pour compenser ou lisser les inégalités régionales.
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